par juan bautista 
Depuis l’entrée en vigueur du règlement européen 2019/947, l’Espagne applique la même architecture qu’en France : catégorie « ouverte » (vols à très faible risque, sans autorisation préalable), « spécifique » (autorisation d’AESA sur dossier) et « certifiée ». La bonne nouvelle : si vous respectez les conditions de la sous‑catégorie A1 ou A3 – drone < 25 kg, vol à vue, altitude ≤ 120 m, distance de sécurité avec les personnes et les bâtiments – vous n’avez pas à déposer de demande, à condition de rester hors des zones géographiques restreintes.
1. Les « zones vertes » où voler sans formalités
L’outil officiel ENAIRE Drones affiche, en vert, les secteurs sans contrainte aéronautique ni environnementale. On y trouve principalement :
| Région | Exemples de sites adéquats | Particularités |
|---|---|---|
| Andalousie occidentale | Plages sauvages de la Costa de la Luz, arrière‑pays de Huelva | Hors saison touristique, pas de survol de baigneurs ; parfait pour saisir couchers de soleil et ensuite transformer une photo en video timelapse. |
| Castille‑La Mancha | Vastes plaines autour d’Almagro, moulins de Campo de Criptana | Terrain plat, CTR éloignées ; toujours vérifier l’activité locale d’ULM. |
| Aragon | Désert des Monegros | Zéro population permanente ; attention aux rafales de vent. |
| Estrémadure | Réservoir de García de Sola | Pas de parc national ; bonne visibilité, mais respecter la faune avicole. |
Dans ces zones, un opérateur français titulaire du certificat A1/A3 (ou du « Proof of Competence » AESA en ligne) peut décoller sans préavis, dès lors qu’il :
- garde le drone à vue (VLOS) ;
- limite la hauteur à 120 m ;
- reste à plus de 150 m de bâtiments isolés et à 50 m de personnes.
2. Les espaces où l’autorisation est (presque) automatique
Certaines communes rurales disposent d’accords permanents avec ENAIRE : l’opérateur déclare simplement la date et reçoit un accusé de réception. C’est souvent le cas :
- Parcs éoliens fermés au public les week‑ends ;
- Domaines viticoles d’Aranda de Duero, fiers de leurs vidéos promotionnelles ;
- Zones industrielles hors CTR (Saragossa Plaza, Burgos Villalonquéjar).
La réponse arrive sous 48 h ; si le drone est < 2 kg et la hauteur < 60 m, le feu vert est quasi systématique.
3. Les zones rouges : autorisation indispensable
| Type de zone | Texte applicables | Démarche |
|---|---|---|
| CTR d’aéroport (Madrid‑Barajas, Barcelona‑El Prat, Málaga) | Règlement UE 2019/947 + Real Decreto 517/2024 | Demande via ENAIRE 15 jours avant ; plan de vol, assurance, numéro électronique d’identification. |
| Parcs nationaux (Doñana, Teide, Picos de Europa) | Loi 42/2007 Espaces protégés | Permis environnemental de la Junta ou du Cabildo + avis AESA. |
| Sites militaires, centrales, prisons | Code de sécurité espagnol | Interdiction sauf autorisation écrite du Ministère de la Défense. |
| Évènements avec foule (fallas de Valence, Semana Santa) | Catégorie « spécifique » | Étude de risque SORA + autorisation AESA ; budget 250‑600 €. |
Dans ces cas, voler sans papier vous expose à une amende pouvant atteindre 225 000 €.
4. Zones « difficiles » mais pas impossibles
Centres historiques – Tolède, Séville, Cordoue – cumulent CTR proches, toits à faible hauteur et densité touristique. La plupart du temps, seules les agences munies d’un certificat STS (Specific), d’une balise Electronic ID et d’un scénario validé par AESA obtiennent le précieux créneau de 30 minutes à l’aube ou au crépuscule. Comptez :
- 460 € de taxe d’occupation de l’espace public à Cordoue ;
- 120 € d’assurance temporaire supplémentaire ;
- 48 h de délai si la police locale doit bloquer une ruelle.
5. Coût d’un opérateur local vs français
| Prestataire | Reportage photo + vidéo 1 h hors montage | Démarches incluses |
|---|---|---|
| Opérateur espagnol open A1/A3 (zone verte rurale) | 180 € HT | Aucune (simple déclaration) |
| Opérateur espagnol STS (centre historique) | 550 € HT | Autorisation CTR + mairie |
| Opérateur français auto‑déclaré (zone verte) | 0 € de formalités, mais RC espagnole obligatoire (~55 € / semaine) | Enregistrement EASA + étiquette ID |
| Agence audiovisuelle full service | 800–1 200 € HT | Création du dossier AESA, repérages, montage final |
Les tarifs restent comparables à ceux pratiqués en France (150–350 € en rase campagne, 600 €+ en centre‑ville classé). La différence se joue surtout sur la rapidité : en Espagne, ENAIRE délivre souvent l’accord CTR par e‑mail sous cinq jours, là où la DGAC française peut demander deux semaines.
6. Trois réflexes de préparation « made in Spain »
- Scanner ENAIRE Drones avant tout repérage : le quadrillage vert, jaune, rouge évite les mauvaises surprises de dernière minute.
- Filmer tôt le matin : entre 7 h et 9 h, le vent côtier est plus faible et les autorités locales acceptent plus volontiers un décollage express.
- Pack « photo + courte séquence vidéo » : beaucoup de clients veulent un slideshow dynamique ; capturez 5 photos HDR, puis volez 30 secondes en travelling. Vous pourrez ensuite transformer une photo en video avec un fondu ou un zoom animé pour enrichir votre montage.
7. Check‑list voyageur drone
- Carte d’opérateur EASA imprimée + numéro sur la plaque ignifugée.
- Attestation RC valable en Espagne (texte bilingue recommandé).
- Copie PDF des NOTAM du jour (ENAIRE les joint au mail de confirmation).
- Batteries dans un sac Li‑Po à main ; Iberia et Vueling limitent à 100 Wh pièce.
- Gilet réfléchissant pour identifier le pilote ; demandé par la Guardia Civil dans les zones littorales.
Conclusion
Filmer ou photographier au drone en Espagne n’exige aucune autorisation tant que vous restez en catégorie ouverte et hors zones réglementées. Les vastes campagnes andalouses, les plateaux de Castille ou les lagunes de Catalogne offrent des paysages spectaculaires pour des prises de vue aériennes, à condition de respecter les règles de l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et les restrictions locales, comme les zones Natura 2000 ou les parcs nationaux.